lundi 24 mars 2014

Gober les Moocs?

Petite start-up deviendra grande. Ce qui n’était qu’un projet académique, Coursera, est devenu en à peine un an un business dynamique, d’envergure mondiale et à la croissance exponentielle, bref un de ces success stories à l’américaine dont la presse enthousiaste, abandonnant toute lucidité ou tout recul critique, s’empare avec gourmandise.
Les moocs, ces cours du futur, font rêver. Finis les vieilles universités aux murs défraîchis, les professeurs soporifiques, les amphithéâtres pleins à craquer et le vieux modèle « présentiel » : vive la modernité sur écran plat, l’université à haut débit et mondialisée, bref l’école enfin dématérialisée et ramenée à son essence de pur apprentissage.
La presse est à ce point dithyrambique avec ces pionniers du Far Web, cette révolution de l’enseignement, cette explosion des inscriptions, ce modèle d’excellence et en même temps de gratuité au service d’une démocratisation éducative à l’échelle du village global, que Coursera n’a guère besoin de publicité et se contente de recenser sur son site les articles les plus flatteurs.



Le pari des moocmakers

Que sont donc les moocs ? Nés aux États-Unis aux alentours de 2010, les moocs (massive online open courses) se définissent d’abord par leur public : sans restriction d’aucune sorte puisque ouverts à tous et sans limite physique puisqu’en ligne (même si matériel informatique et connexion Internet restent nécessaires), les moocs s’adressent à des publics d’une échelle jusqu’ici inconnue, un cours pouvant être suivi par des dizaines de milliers de personnes à travers le monde, voire davantage.
Les moocs se caractérisent ensuite par un enseignement entièrement dématérialisé, sans lieu physique ni relation humaine directe, à travers une plate-forme en ligne proposant des cours de niveau universitaire, fournis contre rémunération par les universités les plus prestigieuses, des vidéos et autres ressources pédagogiques, des forums de discussion, où les étudiants échangent et s’évaluent entre eux, et enfin des questionnaires en ligne : d’un point de vue technique, rien de bien révolutionnaire, en somme.
Les moocs présentent néanmoins une radicalisation de l’enseignement en ligne : le président de Stanford, John L. Hennessy, n’a-t-il pas prédit l’an passé la mort des salles de classe ? Il ne s’agit plus seulement d’apporter un complément aux cours dans les universités, mais – et malgré des dénégations prudentes – de les remplacer tout simplement, et cela avantageusement, bien entendu.
Reste à savoir à qui profitera cet avantage. La suite ici.

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