vendredi 21 mars 2014

Snapchat et le life-logging...

Là, sur votre smartphone, une notification. Vous ouvrez l’application dédiée, un blob multicolore et souriant vous accueille. Vous pressez fébrilement l’écran, une photo s’affiche. Dix secondes, puis elle disparait. A tout jamais. Vous avez bien essayé de faire une capture d’écran, mais vous avez malencontreusement fait tomber votre téléphone dans la cuvette des WC. Les risques du métier. Bienvenue sur Snapchat. Lancée il y a deux ans à peine par deux vingtenaires de l’université de Stanford, l’application repose sur une promesse qu’on croyait intenable à l’heure du tout-connecté : le droit à l’oubli. Et ça fonctionne. 60 millions de photos s’échangeaient quotidiennement sur Snapchat en février. En juin, le chiffre est monté à 200 millions, pour culminer aujourd’hui à 350 millions. Appelons ça une excroissance exponentielle : dans la vaste typologie des clichés échangés furtivement entre les utilisateurs, le « sexting » figure sur la plus haute marche du podium.
Sans enregistrement, plus de crainte, et les 13-25 ans, le cœur de cible de l’application, n’hésitent plus à se montrer sous toutes les coutures. Snapchat, c’est l’anti-Instagram, le contraire du life-logging (littéralement, l’archivage de sa propre vie) vanté par les réseaux sociaux. Au serment d’éternité, l’application répond par l’urgence du présent, et c’est d’ailleurs l’avis de son fondateur et patron, Evan Spiegel : « Il s’agit moins d’avoir l’air cool ou attirant, et bien plus de dire où vous êtes, ce que vous faites, ce que vous ressentez. Il s’agit de discuter et de s’échanger des messages plutôt que de se mettre en scène [...] L’éphémérité devrait être une notion par défaut. » 

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